Arrête de courir

Franchement, arrête de courir.
Je comprends que tu sois pressé de rentrer,
Tes amis t’attendent pour trinquer,
Tu dois passer au franxprix,
Pire, au pressing,
Mais arrête de courir, de me bousculer dans l’escalier et d’avoir l’air si stressé.
Merci 🙂

A.

Ma station

Sur le quai de ma station, tout le monde est beau.

Les cheveux sont bruschés, les joues sont blushées,
Les chemises sont repassées, les mallettes siglées,
Les femmes maîtrisent l’art du smoky eyes,
Les hommes ont leurs manteaux 3/4,
Nous sommes entre nous.

Dans la rame, il n’y a pas de noir. Ou alors en costard.
Dans la rame, ça sent Hermès, Dior ou Chanel,
Dans la rame, personne ne se regarde.
Nous sommes entre nous.

Trois stations plus tard, les portes s’ouvrent, Les odeurs grimpent..

M.

Conseil d’un soir

Certaines les gardent secrètement pour elles, d’autres les partagent. Personnellement j’ai arrêté depuis une rencontre récente, les conseils d’un soir, de consultants à consultants.

Au premier coup d’œil, le cadre n’a rien de glamour.. Enfermés dans le bureau exigu du coin, celui sans fenêtre, sans clim, au bout du couloir.. vêtus de la tenue de combat obligatoire « costume cravate » à droite, « jupe talons » à gauche, le tout dans un monochrome sans accroc de gris ou de noir, les consultants travaillent.

Mais dès que Juillet chauffe les pavés, les bureaux des ministères deviennent étouffants, les banques se vident, les cantines ferment..
Reste les consultants, transpirants, essoufflés, encore bronzés de leurs voyage au soleil de Février.
Alors, dans l’intimité de ces pièces austères, entre la lecture d’un cahier des charges et la modélisation d’un processus, parfois le sourire émerge, suivi d’un fou rire, d’une dizaine de cafés à la machine, d’un premier déjeuner à l’extérieur, d’une rafale de mails envoyés d’un bout à l’autre d’un open space, d’échange de liens « LOLCAT » pour en arriver.. à la première et fatidique bière.

1, 2 ou 3 bières, la résistance du consultant est variée. Selon l’envie, le costume et l’agenda de la semaine, le conseil du soir se décide, se programme et s’envisage plus ou moins vite. Il faut garder à vue les multiples objectifs du cahier des charges : rester frais cette semaine pour profiter du WE à Deauville, être clair sur le planning de la nuit et sur le possible retour des ressources par Taxi.
La durée est le point crucial du projet, celui qui engendre le plus de tension sur le lieu de travail, le risque principal résidant dans l’inadéquation entre les besoins des différentes parties prenantes. Certains voyant ça comme un conseil d’un soir, d’autres comme une mission de conseil ponctuelle et les derniers croyant à une mission sur le long terme, voire un chantier de refonte globale.

Les acteurs sur ces missions peuvent aussi être libres de tout engagement ou au contraire, sous contraintes familiales..
Ce qui est sûr dans un cas, comme dans l’autre, c’est que ces heures sup ne sont jamais payées, encore moins comptées..

M.

Leçon de consulting n°2 : La nuit porte conseil..

..elle le porte même à un sport de haut niveau.
C’est physique d’enchaîner les nuits blanches, de résister à la sieste d’après repas avec 2 heures de sommeil dans le ventre. On se découvre une résistance insoupçonnée. Fut un temps, le Marchand de Sable passait consciencieusement à heures fixes tous les soirs, sauf les jours d’afterWork, il avait droit a un jour de repos. Aujourd’hui il pointe au chômage et Morphée s’est fait la malle.

Un Grand Classique du consulting : il est 20h, toujours au bureau, votre client vous souffle une idée de génie. Lui aussi la nuit lui a porté conseil, la tête confortablement posée sur l’oreiller, à l’heure même où vous finissiez la version 32 du document. Il ne vous l’a pas dit ce matin, non, il gardait le suspens… et vous demande de compléter votre étude pour la réunion de demain matin 8h30. Damned ! Vous allez encore y passer la nuit..

La vie des consultant(e)s est pleine de rebondissements et d’adrénaline, c’est une aventure à la 24h chrono ! « A l’impossible nul n’est tenu » comme dit l’adage … Qu’a cela ne tienne, le consultant est un surhomme, c’est bien connu ! Mais le client a également des super-pouvoirs. Il est un peu magicien sur les bords. Il vous sort toujours des surprises du chapeau à la dernière minute, au moment où vous ne vous y attendiez plus. Alors il faut apprendre à défier les lois de l’espace-temps : les journées de travail sont élastiques, il n’y a plus de nuit, plus de jour.

Le monde du conseil est passé aux 35heures … de sommeil dans le mois !
J.

Leçon de consulting n°1 : Des sacrifices de santé publique, tu feras

L’anatomie de ton pied, tu transformeras !

Porter des talons aiguilles, de jolies chaussures et envoyer au placard la combo jean-basket-sac eastpack, c’est un peu, du moins au début, le sentiment d’appartenir à la caste des femmes de pouvoirs. Tu te découvres une nouvelle silhouette, tu claques du stilletos sur les parquets avec confiance et tu commences à regarder d’un regard complaisant celles qui sont restées au stade ballerines. Dans le métro (oui, tu prends encore le métro), tu attires le regard des mecs, les vrais, ceux qui ont le costard et la dégaine qui va avec, fini les ESF (étudiants sympa fauchés), désormais le monde t’appartient.

Au début, c’est tellement jouissif que tu portes le talon en tout circonstances : journée de travail parsemée de réunions, soirées agitées, verre entre copine, expo, retour au source chez tes parents en province, quand tu invites chez toi.. Tu as parfois mal, tu échauffes ta voûte plantaire ou tu enlèves tes talons dès que tu sors du Taxi dans la rue mais peu importe.. 3 coupes de Champagne et tout est oublié. De toute façon, tu as tellement la tête qui tambourine le lendemain que tu passes la journée au lit. Le talon et toi, c’est pour la vie.

Et puis un jour, tu as si mal que tu enlèves tes talons à peine sortie du bar.. Les taxis ne veulent pas te prendre alors tu rentres chez toi, un pied avançant difficilement devant l’autre et tu jures qu’on ne t’y reprendra plus. Tu décides de prendre soin de tes pieds mais c’est trop tard. Le pédologue t’annonce avec un air solennel que tu en as un, le fameux hallux valgus.

Désormais, les talons pour toi, ça sera comme le Champagne en semaine, avec modération.
Alors aujourd’hui, dans le métro.. toi aussi tu es en ballerine. Les stilettos dans le sac à main et le regard compatissant pour celles qui sont encore haut perchées..

M.

Jeune femme, célibataire…

Vous êtes jeune ? Vous êtes célibataire ? Vous avez une tête bien faite … on peut même dire que vous êtes bien faite des pieds à la tête ? Vous êtes le profil rêvé des cabinets de conseil !

Si vous êtes un tantinet ambitieuse et que vous vous investissez dans votre travail, c’est encore mieux. Vous entrez dans la catégorie « vache a lait »(sauf votre respect), ça n’a rien de dévalorisant au contraire vous faites le bonheur de vos employeurs.
Pas de contraintes familiales, pas de petit ami pour vous divertir, un emploi du temps qui va pouvoir être mis à profit, et comment ! Rassurez-vous votre entreprise vous offrira l’opportunité de vous épanouir professionnellement (à défaut du reste).

Pour percer, il faut se faire remarquer, alors vous vous laissez convaincre. Vous acceptez de faire des extras et vous espérez bien que la carotte arrivera. Vous enchaînez la rédaction d’une propale après votre journée de 10h, vous participez à un projet interne d’amélioration de la qualité des prestations en heures du soir, vous commencez à sacrifier quelques soirées, à moins voir vos amis, puis c’est le week-end qui y passe.
En contre partie, vous vous faites petit à petit une place dans le cabinet. On apprécie votre disponibilité, votre manager vous reconnait dans les couloirs, il vous appelle même par votre prénom !

Seulement, ça va un temps … vous ne voyez toujours pas arriver la carotte et vous commencez à ressentir le 2ème effet Kisscool : c’est vous le lapin qu’on fait mijoter ! Vous vous surprenez à envier ces travailleurs qui rentrent à 18h chez eux mettre leurs pantoufles, se mijoter un bon petit plat et regarder la rediff du dernier 24H… alors que vous, vous repartez pour 3h de réunion et qu’arrivée à 22h chez vous, vous aurez à peine le courage de vous faire réchauffer une boite de raviolis.

A peine entrée dans la vie active, vous vous sentez déjà usée : à quand la quille ? Et il y a cette phrase de trop que vous a balancée votre chef le jour où il vous a demandé de produire une étude d’opportunité à 19h pour le soir même. En deux heures il vous a appelé trois fois pour savoir où vous en étiez et à 21h, il débarque dans votre bureau, le pas pressé, l’air faussement blagueur :
« Tu en as encore pour longtemps ? Il y en a qui ont une famille qui attend à la maison ! »
La réponse tombe comme un couperet, votre sang se met en ébullition :  » C’est pas en restant jusqu’à 22h le postérieur vissé sur ma chaise ou le week-end cloîtrée chez moi à rédiger des propales pour tes beaux yeux que je vais pouvoir trouver un Jules et fonder une famille moi! Alors estime-toi heureux que je trime pour toi ! Moi aussi j’ai une vie en dehors du boulot ! Enfin … j’avais ! »
Vous lui répondez… dans vos rêves ! Le moindre signe de démotivation pourrait ruiner vos efforts des deux dernières années, toutes ces soirées et ces weekends sacrifiés pour rien ? Vous imaginez déjà votre chef reportant à votre manager :
« Je la sens un peu à plat en ce moment, on devrait peut être attendre de voir pour sa promotion. ».


Alors vous revêtez votre plus beau sourire et vous lui promettez de lui apporter une version finalisée pour relecture dans 15 minutes maximum.

Il y aussi le regard de vos collègues que vous croisez quand vous partez à 19h, qui checkent leur montre … vous vouliez reprendre les cours de guitare … vous arrêtez au bout de la 3ème leçon. Ou encore le soir où pleine d’illusions vous aviez prévu de rentrer tôt pour fêter votre anniversaire entre amis … jeunesse innocente ! C’était sans compter la réunion surprise planifiée pour le lendemain qu’il fallait préparer d’urgence … vos amis vous ont attendue ¾ d’heures devant la porte !
Une fois que la machine est lancée, pas facile de réduire l’allure, vous avez habitué à mieux ! Vous êtes prise dans l’escalade d’engagement … et il va falloir maintenant jouer de ruses et d’imagination pour arriver à dire NON aux sollicitations de vos managers tout en restant bien vue.

Good luck !
J.

AfterWork mon Amour

Il faisait chaud.

Comme dans la majorité des afterworks des Champs Élysées, il aura fallu se battre pour accéder au sacro saint graal bar à bulles. Passage religieux de la jeune consultante débarquée sur Paris,  l’afterwork devient pendant un temps l’occupation logique puis systématique du jeudi  soir.  Tu poses tes 20€ pour 2 coupes de mousseux et une salade de pâtes au surimi..

Les jeunes requins en costume accoudés au bar au regard de badboys bien  entraînés, les encore plus jeunes tout juste sortis du berceau familial  qui dansent sur la piste entre garçons, les sorties de bureau en groupe ou personne ne s’amuse vraiment..  Et il y à ces jeunes  consultantes, qui hèlent des taxis..

Après 2ans de conseil, n’avons-nous pas fait le tour de la question ?
M.